Il était une fois… l’école.

TEXTE DE LOULOU MANDÈRE.

Il était une fois… l’école. Nous avons fouillé dans les archives de la mairie pour en savoir plus.

Un nouveau bâtiment abritant l’école et la mairie fut construit à Siros en 1844 à l’emplacement de la mairie actuelle. Comme l’atteste le premier cadastre de Siros, datant de 1812, il y avait déjà à cet emplacement une maison commune alors que l’église, elle, se trouvait dans le parc du château ainsi que le cimetière. Cette maison commune servait aussi, probablement, d’école. L’exiguïté du lieu et le coût du salaire de l’instituteur posaient un tel problème à la municipalité que, selon des comptes rendus de réunions des années 1830, il fut évoqué l’éventualité de s’unir à une autre commune pour assurer l’instruction publique. Ce n’était pas encore un regroupement pédagogique comme de nos jours mais l’idée n’était pas loin.

Chanson « Les 3 Bandits de Napoli » lors de la Fête du Foyer des Jeunes dans la cour de recréation de l’école ancienne.

L’école bâtie en 1844 a été utilisée jusque en 1964. Elle se trouvait dans la partie est de l’actuelle salle informatique. En 1964 sous l’impulsion du maire Urbain Mariette, une nouvelle salle de classe fut installée au rez-de-chaussée du bâtiment du presbytère devenu vacant. Aujourd’hui, cette salle accueille la bibliothèque et demain la salle du conseil municipal. De 1990 à 1992 l’équipe municipale conduite par Jean Hounieu fit construire un nouveau bâtiment à l’ouest de la mairie pour deux nouvelles salles de classe et aménagea, sous la mairie, une salle d’informatique/garderie. En 2002 la nouvelle municipalité, sous la conduite de Joëlle Borello, maire, eut le plaisir d’aménager et d’inaugurer une salle de classe sous l’ancien préau de l’école et une garderie à l’emplacement de l’ancien garage.

Au cour de nos recherches nous avons eu le bonheur de trouver cette lettre que nous livrons à vos appréciations. Ne soyez pas trop sévères, il faut la replacer dans le contexte de l’époque. De ce temps là, l’école n’était pas encore laïque et la Pensée n’était pas celle d’aujourd’hui. La séparation de l’école et de l’église n’est intervenue qu’en 1882, monsieur Jules Ferry étant alors ministre de l’instruction publique. Il y a quelques incohérences dans la lecture mais retranscrire des textes déjà anciens n’est pas chose facile.

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Lettre adressée le 24 avril 1859 à M. le Préfet par le Maire de Siros

Permettez-moi de vous adresser, en mon nom et aux noms de mes administrés une supplique à l’évocation d’une décision qui nous afflige profondément et qui, si elle était maintenue, serait pour notre commune une cause de perturbation et de préjudice graves. Je veux parler de la nomination d’une institutrice mixte en remplacement d’un instituteur qui fut toujours ici d’une nécessité absolue pour au motif signer de toute votre sollicitude.

Le premier est pris de ce que dans cette commune comme dans un grand nombre de communes rurales le Maire ne peut point se passer de secrétaire parce qu’il ne se trouve point dans les collaborateurs municipaux aussi lettrés que lui quelqu’un qui puisse en faire fonction.

Si depuis 22 années, j’ai l’honneur de remplir celle de Maire à la satisfaction, j’ose le dire, de l’Administration Supérieure, je le dois autant à l’assistance des instituteurs qui ont été mes secrétaires qu’à mon initiative guidée toujours par mon dévouement aux intérêts de ma commune et par mon vif désir de me conformer aux ordres de mes supérieurs.

Qu’on ne me dise point comme l’a dit récemment un inspecteur primaire qu’une institutrice peut suppléer un instituteur, cela est impossible.

Je ne comprendrai jamais qu’une institutrice puisse être initiée aux détails qui doivent être secrets de l’Administration et des Délibérations. Une institutrice ne peut faire fonction de chantre. Cette considération est très importante pour notre commune qui est au bout de ressources, qui s’est épuisée en construction de Mairie, d’école, de cimetière et ce, sans jamais obtenir le moindre secours, la moindre obole du Gouvernement, et qui, au plus, a été obligée de changer son annexion à la succursale devenue inutile de Poey en un vicariat communal.

Un instituteur secrétaire vient encore en aide aux exercices du culte religieux par sa voix toujours exercée et que l’on doit payer infiniment moins que celle d’un chantre spéciale. Enfin, Siros qui devrait d’après la nouvelle loi et à cause de sa population, dans la catégorie des communes qui pourraient être privée d’un instituteur à titre définitif n’a jamais eu d’institutrice pour lesquelles elle a une répulsion très prononcée et notre commune qui s’est imposée de si grands sacrifices et qui peut encore bien mieux que plusieurs autres communes plus populeuses du département, fournir aux appointements d’un instituteur serait bien malheureuse si elle devait subir une institutrice à 300 F.

Elle espère en votre justice, et elle vous supplie, Monsieur le Préfet, de lui rendre un instituteur en titre à 600 F ou bien un instituteur suppléant dont le traitement est le même que celui d’une institutrice mixte et qui puisse rendre à la commune de bien plus grands services.

Tel est le vœu de toute la population. Si, néanmoins condamnés à n’avoir pour l’enseignement qu’une institutrice, nous perdrions sous prétexte de faible population, le rang et les avantages, auxquels nos efforts si dispendieux et si incessants depuis plus de 20 ans nous donnant des droits incontestables.

Daignez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de mon profond respect.

Le Maire