Enfant de Choeur Retraité (3ème Partie)

TEXTE DE JEAN HOUNIEU.

A ce point du récit, je ne puis résister au plaisir d’un trait d’humour dans cette phase toute noire: Mon ancien, dans la confrérie des enfants de chœur, Albert avait un oncle du même nom à Labastide-Cézéracq, le frère de sa mère qui était venue se marier à Siros. Cet oncle était très vieux: il est mort dans sa centième année. Il reçut, un après midi, la visite de son curé et de l’enfant de chœur venus pour le cérémonial de l’extrême-onction.

Sa voisine connaissant l’état critique du malade, confirmé par le passage du Curé, dit à son mari: « Albert est au plus mal, il faudrait lui rendre une dernière visite ». C’était une corvée point agréable mais le devoir de voisinage l’imposait et mari et femme qui avaient la quarantaine se rendirent chez le malade. Il n’était pas reluisant mais, son œil brillait. La conversation s’engagea, ils parlèrent de la pluie et du beau temps, du passage des palombes, des cèpes, du ministère qui venait de démissionner. Les sujets à commenter se trouvant pratiquement épuisés un ange passa et un silence pesant se posa dans la chambre  Il fallait réagir et dire quelque chose, le voisin dit tout haut cette remarque: « Je voudrai bien arriver à votre âge ». Et le mourant, sortant son nez de dessous les couvertures, lui répliqua:  » Et moi, je voudrai t’y voir!!! »

Le mourant obtint un sursis et ne fit le grand voyage que deux ans après, non sans avoir subi trois autres extrêmes-onctions!